Barbarie. La PJ piste ce clan depuis l’épidémie de vols à la tire de l’été 2008, commis par des jeunes filles de 12 à 16 ans. Selon un enquêteur, «elles déclinent toutes la fausse identité d’Hamidovic et se montrent réticentes à tout examen osseux ou prélèvement ADN pour tenter de déterminer leur âge et leur nom».
En quinze jours, plus de 60 gamines qui piquent les sacs à main aux passagers du métro, passent ainsi par la brigade de protection des mineurs de Paris, et ne restent pas longtemps dans les foyers où elles sont placées.
En 2009, nouvelle vague de ces pickpockets et autant de «procédures Hamidovic», soit 333. Le préfet de police, Michel Gaudin, impute à «ce seul réseau d’Europe de l’Est 70 % des vols à la tire dans le métro parisien, les neuf premiers mois de l’année 2009», avant que le patriarche Fehmi Hamidovic ne s’expatrie à Barcelone.
Certaines adolescentes, arrachées à leurs familles en Bosnie, ont expliqué que les chefs Hamidovic leur apprenaient à voler. Elles devaient rapporter 300 euros par jour, sinon «elles étaient frappées, victimes de brûlures de cigarettes, et parfois violées», selon le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin.
En juin 2009, le parquet de Paris a ouvert une instruction pour vols en bande organisée, traite d’êtres humains en bande organisée sur mineurs, accompagnée d’actes de barbarie et de viol en réunion. «Les jeunes filles exploitées sont avant tout des victimes, sous la coupe d’une organisation clanique de type patriarcal», assure le procureur Marin qui évalue à 12 000 euros la collecte journalière et «à 4 millions d’euros le montant annuel pour le groupe opérant en région parisienne».
Villas. Selon Christian Flaesch, patron du 36 quai des Orfèvres, un «vol de portefeuille dans le métro, ce n’est pas grand-chose, peut-être 20 euros à chaque fois. Mais multiplié par centaines, c’est énorme. Il est apparu, lors des investigations, qu’en une journée le réseau pouvait ramener 100 000 euros.» Le clan Hamidovic investissait dans des voitures de luxe et dans l’immobilier : des villas en Italie. Fehmi Hamidovic avait déjà été condamné en Autriche pour une affaire de traite d’êtres humains.
Le procureur de la République exclut qu’il s’agisse d’un réseau de Roms :«On n’est pas dans cette configuration. Certaines filles de Bosnie-Herzégovine ont été vendues par leur famille car elles étaient de très bonnes voleuses.» Pour Christian Flaesch, «on a vraiment le sentiment d’une structure moyenâgeuse».